dimanche 30 août 2009

La tour de contrôle

Cela fait maintenant un peu plus de 2 mois et demi que j'entends 5 à 6 voix différentes chaque matin au contact de la tour de St-Hubert. Quoi de mieux que de pouvoir mettre un visage sur ces voix, qu'il faut avouer sont bien sympathiques. Et bien une visite de la tour! C'était lundi passé, notre cher instructeur au sol, nous a organisé une visite de la tour de contrôle de l'aéroport de St-Hubert. Une très belle initiative qu'il ne fallait manquer sous aucun prétexte. Après avoir demandé une autorisation spéciale pour traverser la piste 06 droite/24 gauche (chiffre inscrit en blanc au seuil de piste qui donne l'angle de direction magnétique à la piste) et joins en voiture la tour qui se trouve entre les deux pistes principales, nous sommes accueillis par le responsable tour.
L'aéroport de St-Hubert se classe parmi les cinq aéroports les plus actif du Canada au niveau de leurs mouvements. Ouvert en 1927, il ne cédera sa place qu'en 1941 à Dorval (maintenant Aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal) comme aéroport principal de la région de Montréal. Passant de base militaire durant la deuxième guerre mondiale, c'est en 1968 qu'il redevient aéroport civil avec Transport Canada, puis l'installation de la compagnie Pratt & Whitney, de l'Ecole Nationale d'Aérotechnique et du siège social de l'agence spatiale Canadienne.

Aéroport de St-Hubert

Nous sommes directement montés au coeur de la tour, au troisième étage d'où l'on domine tout l'aéroport. De grandes baies vitrées teintées nous donne une magnifique vision périphérique et l'on peut aussi bien surveiller ce qui se passe du côté de l'aviation générale civile que du côté des militaires et le 438 ème escadron tactique d'hélicoptères "Griphon". Les aiguilleurs du ciel, comme on les appellent, doivent également s'occuper de la compagnie Pratt&Whitney, fabricant de moteur d'avions et d'hélicoptères. Pratt est situé en bout de piste 06 gauche juste en face de la base Hélicraft et possède un avion pour les tests de nouveaux moteur. En dernier lieu, la tour de St-Hubert doit gérer ces hélicoptères qui sont bien nombreux au départ et à l'arrivée d'Hélicraft. Mais dans l'ensemble, nous sommes bien appréciés d'après les contacts que nous avons eu durant la visite.

Une vue depuis l'intérieur de la tour

Toujours un minimum de deux personnes devant les écrans radar, une pour gérer les mouvements de la partie sol sur la fréquence 126,4 et une autre pour gérer tous les mouvements de décollages, atterrissages et vols à l'intérieur de la zone de contrôle d'un rayon de 5 Nm ( environ 10 km) sur la fréquence 118,4. Comme on le voit sur l'image ci-dessous, sur l'écran de contrôle principal du contrôleur tour, apparaît le fleuve St-Laurent avec l'Ile de Montréal, la rivière Richelieu ainsi que le bassin de Chambly, les autoroutes, la limite de la zone de contrôle de couleur verte et les deux pistes axées 240°/060°. Les avions et les hélicos sont représentés par une rangée de petits points qui se déplacent l'un derrière l'autre sur l'écran indiquant ainsi sa direction. Il y a également une petite étiquette où est inscrit l'immatriculation, l'altitude et la vitesse de l'aéronef. Un autre écran d'ordinateur est là pour transmettre au contrôleur toutes les informations météos, principalement celle de la direction et la force du vent, le calage altimétrique du jour, la piste en service et les informations relatives aux plans de vol. Le contrôleur sol transmet également au contrôleur tour des informations sur tous les aéronefs prêt au départ au sol, par l'intermédiaire d'un programme interne très facile d'utilisation. Une bonne coordination et communication sont cependant nécessaire entre les contrôleurs pour une sécurité optimale.

Ecran radar avec la limite de zone de couleur verte

Je suis très heureux d'avoir pu assister en direct à quelques minutes d'une journée de contrôleur aérien, même si c'était relativement calme à ce moment là. Vraiment très intéressant de voir l'envers du décor, de pouvoir se rendre compte que nous sommes visibles jusque très loin en dehors de la zone avec nos petits hélicos... Par contre, et là surprise, en dessous de 400 pieds ils ne nous repèrent pas. C'est à dire que quand nous sommes au sol chez Hélicraft et même pratiquement jusqu'à l'autoroute 20 sur le nord de l'aéroport, ils ne nous voient pas sur le radar, mais aux jumelles pas de soucis.


La fine équipe d'étudiants pilote hélico et instructeurs (4 Canadiens, 5 Français et 2 Suisses)

jeudi 13 août 2009

La grande nav...

Et voilà, ça c'est fait... comme dirait l'autre. J'ai effectué aujourd'hui ma "grande nav" comme on l'appelle. En effet, durant ma formation de pilote professionnel, je suis obligé d'effectuer un vol de navigation de plus de 150NM (280Km), avec atterrissages sur 3 aérodromes différents et arrêt complet de la machine. Ce vol était prévu la semaine passée déjà, mais seulement Dame météo en a encore une fois cet été, décidé autrement. Donc ce matin en me levant, la première chose que j'ai fait, a été d'ouvrir le store de ma chambre afin de scruter le ciel. Quelle a été ma réjouissance et ma motivation, quand j'ai vu qu'il n'y avait que quelques nuages qui parsemaient le ciel, et que le drapeau Québécois de mes voisins ne broncher pratiquement pas. Aller, pas le temps d'avaler de petit déjeuner, pas très intelligent vous me direz quand un vol d'environ 3h vous attend, mais je vais certainement pouvoir me manger une p'tite poutine du côté de Bromont. Je saute donc dans mes chaussures, puis fût le tour du bus n°28 pour me rendre à la base Hélicraft, pour préparer mon vol et ma machine. Pour le parcours prévu, vous pouvez le voir ci-dessous, départ de St-Hubert pour une première destination Drummondville. Ensuite direction Victoriaville avec un avitaillement en fuel. Troisième décollage sera pour Bromont, cette fois ci pour nourrir le pilote, puis enfin un retour sur St-Hubert. 

 

Le check pré-vol de l'hélicoptère C-FSID, tout rouge, dont j'ai hésité à peindre une croix blanche... Suivi du plein d'essence complet, sont les premières choses que j'ai fait en arrivant à la base. Ensuite, place à la paperasse, relevé météo et notam (bulletins préventif de toutes modifications ou danger sur ma route) des 3 aérodromes, établissement d'un plan de vol et préparation du log-book machine (carnet des heures de vol machine). Après une heure de préparation et une petite discussion avec mon instructeur, je me suis enfin installé dans l'hélicoptère.


Décollage d' Hélicraft à 10h15

10h15, tous les paramètres sont dans le vert, full fuel, pas d'alarme, rotor RPM 104%... tout est normal, aller hop on tire sur ce collectif... C'est beau, là je me sens bien, un magnifique vol m'attend!!! Premier petit contact avec le contrôle sol de St-Hubert comme d'habitude : 

- St-Hubert sol bon matin, ici hélicoptère R-22 Fox-Trot Sierra India Delta.

- FSID, bon matin ici St-Hubert sol.

- FSID, je suis au sol chez Hélicraft, j'ai l'information Fox trot, je suis sous plan de vol et j'aimerais la sortie tunnel, svp.

- FSID, le vent variable de 2-5 noeuds, altimètre trois zéro zéro deux (pression atmosphérique 30,02 Hg), affichez code six, six, cinq, deux (code transpondeur 6652), contactez la tour sur un un huit décimal quatre (fréquence tour 118.4) lorsque prêt.

- J'affiche 6652 et je contacte la tour sur 118,4 lorsque prêt FSID.

Voilà un peu ce que ça donne au niveau des communications de radiotéléphonie avec le sol de l'aérodrome de St-Hubert, ensuite c'est la même affaire avec la tour de contrôle. Après que la tour m'ai autorisé le décollage, je me dirige vers la sortie de zone que l'on appelle "sortie tunnel" et là, même pas besoin de le signaler, car la tour de contrôle me voit sur son radar et me donne son aval pour quitter la zone. Maintenant c'est la nav qui commence, concentration pour ne pas se perdre d'entrée de jeu, vérification de mon cap, vitesse 80 noeuds (148km/h) et direction Drummondville sur un cap 92°, puis je regarde sur ma carte des points de repères facile à identifier au sol, comme les voies de chemins de fer, autoroutes, lignes électriques etc... Voici ci-dessous une vue de ce que j'ai eu l'occasion de voir.

 Boucherville et ses magnifiques villas


J'ai eu le temps de contempler un peu ces paysages durant tout mon vol, même si il faut rester concentré sur ce qui se passe à l'extérieur, comme les autres trafics par exemple, mais surtout, sur mes points de repères. Nous sommes sur une fréquence de route (126,7) lorsque l'on vole entre les aérodromes et effectuons des annonces sans réponse environ toutes les 15 minutes, pour prévenir les éventuels avions ou hélicoptères à nos alentours. Nous donnons simplement notre immatriculation, notre position-altitude et notre direction pour éviter de se trouver en face d'un autre aéronef. Voilà voilà, un peu plus de cinquante minutes après mon départ c'est Drummondville que j'aperçois, avec sa petite tour de contrôle.


Mon petit R22 à Drummond, beau non?

Deuxième escale, direction Victoriaville à environ 30 minutes de Drummond, très facile à se repérer et l'on devine dans le fond très rapidement la ville. Cette fois je dois effectuer le plein complet de mon R-22, pour assurer le retour en passant encore par Bromont. Je suis tombé sur deux frères qui gèrent la radio et la station essence, une vraie merveille, on a refait le monde quelques minutes en parlant bien évidement de la Suisse, ils avaient remarqué mon accent..." ouais ouais... il y a pas mal de Suisse dans la région, ce sont tous des agriculteurs avec de grosses exploitations..." Bon c'est pas tout, messieurs, mais j'ai de la route à faire... Aller hop, une petite photo du Blogger pour une fois et en route pour la dernière escale.


Voici les pompes à essence...


La machine et son...

L'avant dernière ligne droite au cap 230° fût magnifique. Des rivières, des lacs, des montagnes (enfin des collines), non vraiment je me suis régalé comme on dit. J'ai même effectué un petit posé en campagne dans un champ près d'une grand ferme, pour pouvoir retourner ma carte. Et oui, la carte est recto-verso et mon point d'arrivée Bromont se trouve sur l'autre côté de la map... Pas le choix de se poser et pouvoir utiliser mes deux mains pour la manutention des trombones et autres... Quelques minutes plus tard, Bromont, reconnaissable par ses pistes de ski, typiquement taillées dans la forêt. Ici pas trop de problème avec le côté écologique on dirait.  


Bromont et ses pistes de ski dans le fond

Dernier atterrissage et derniers tampons dans mon carnet de vol, pour la validation de ma grande navigation, je suis à Bromont. Superbe petite batisse, qui fait office de tour et de restaurant. J'avais prévu de manger quelque chose de consistant, seulement j'ai pris pas mal de retard avec mes deux amis à Victo, donc en vitesse comme d'habitude, un petit twix et de l'eau, bienvenue avec cette chaleur (33° au thermo du R22)


Bromont et son restautour

14h40, aller c'est le dernier départ pour la maison... Là, presque plus besoin de la carte, cap 315° toujours tout droit, la rivière, le lac et tu suis l'autoroute qui disait. En fait très facile à se repérer avec les deux collines du Mont Yamaska et du Mont Rougemont. Ensuite je devine Montréal et ses buildings, c'est bon, je ne suis pas perdu... 


Sur la droite le Mont Yamaska et le Mont Rougemont

A cet instant je peux vous dire que je savourais mes dernières minutes de vol, presque envie de retourner faire le chemin inverse, tellement c'était beau d'être dans les airs, complètement seul livré à moi même avec la machine, la carte et la radio. Mais toute bonne chose a une fin, 15h15 exactement je me pose sur le pad Hélicraft, avec 3h21 de vol accomplies, une grosse fatigue, mais un plaisir total et une joie immense. J'espère vous avoir fait partager mon bonheur aux travers de mes textes et mes photos et vous donne rendez-vous dans un prochain post pour de nouvelles aventures...